Les remèdes de grand-mère en économie circulaire

Mar 21 2017 | Trucs et astuces

Le lancement du deuxième appel à projets « Be Circular 2017 » démontre bien la volonté politique d’accélérer la mise en œuvre concrète de différents modèles d’économie circulaire en Région bruxelloise, comme le réemploi des déchets, les nouveaux modèles économiques de l’économie circulaire, et l’écoconception. Mais économie circulaire rime-t-elle nécessairement avec innovation technologique ? Dans cet article, nous irons à la rencontre d’entrepreneurs inspirants qui montrent la voie vers une économie circulaire et nous partagent leurs trucs et astuces, bien souvent inspirés des habitudes de nos aïeux, pour se rapprocher de cet idéal de circularité.
Voici un ensemble de bonnes pratiques dans trois secteurs différents : le textile, l’alimentation et les boissons.

Textile

  • Réutilisation des robracksLes robracks sont des dispositifs de présentation d’échantillons de tissus utilisés dans l’industrie de la mode. Ceux-ci façonnent le travail des designers et représentent une importante source de tissus qui termine généralement comme déchet. L’entreprise Isatio récupère ces robracks, les stocke, les trie et les transforme en prêt à porter féminin.  En une année d’activité, la récupération de ces tissus (souvent d’excellente qualité) par Isatio représente 1,6 tonne de déchets de tissus évités.
  • Repenser la provenance du tissu : De par le déclin du secteur textile en Belgique, il n’est plus possible d’organiser une chaîne de production locale intégrée du champ au tissu. Les alternatives de sourcing en circuit court sont en effet peu nombreuses. Cependant, certaines alternatives aux circuits traditionnels de production existent. Par exemple, le projet Bonjour Maurice, qui propose des vêtements pour enfants, s’approvisionne via un circuit de production certifié GOTS (Global Organic Textile Standard). Cette certification internationale se base sur des critères environnementaux (agriculture biologique), sociaux (basés sur des conventions de l’Organisation Internationale du Travail) et économiques (critères de résistance du produit basés sur des normes ISO).
  • Allonger la durée de vie d’un vêtement : Le secteur textile est majoritairement soumis à l’obsolescence programmée. Tel qu’illustré par le projet Bonjour Maurice, différentes stratégies visant à lutter contre ce phénomène peuvent être mises en place : réduire le nombre de tailles dédiées aux enfants (les grandes enseignes proposant jusque 15 tailles…), favoriser la mixité des modèles, concevoir des vêtements réversibles afin de prolonger leur utilisation avant de les envoyer à la machine à laver. Afin d’allonger la longévité d’un vêtement, sa revente en 2nde main est un système incontournable et bénéficiant de nombreux canaux innovants. C’est le cas du projet Happinest, un système de dépôt-vente de vêtements d’enfants.

Restauration

  • Favoriser des recettes anti-gaspillage: Sara Lenzi, fondatrice de Entre Nous, a commencé par repenser la manière de constituer une assiette, en adaptant les quantités et en créant des recettes qui évitent le gaspillage alimentaire (souvent inspirées de la cuisine de nos grands-mères).
  • Optimisation de l’utilisation des aliments : Les fanes de légumes sont transformées en pesto, le pain de la veille en boulettes et les invendus en soupe.
  • Meilleure conservation des aliments : Une mauvaise conservation des aliments favorise le gaspillage. Il n’est pas toujours nécessaire de garder les fruits et légumes au réfrigérateur. En ce sens, Sara Lenzi, conserve certains légumes tels les navets et les carottes dans du sable et stocke ses oignons à l’abris de la lumière.
  • Repenser son approvisionnement: Sara Lenzi privilégie les circuits courts en s’approvisionnant notamment auprès d’une pépinière de quartier, favorise la mise en réseau pour acheminer ses marchandises vers son restaurant et a créé un mur végétal au sein même de l’établissement.
  • Encourager les éco-gestes : Les emballages représentent une source grandissante de déchets liée à une explosion du « take away » et une confusion qui règne auprès des consommateurs en ce qui concerne la nature ou l’usage d’un emballage (recyclés, recyclables, compostables ou réutilisables). Un emballage recyclable ne pouvant être recyclé lorsque celui-ci a été taché par la nourriture, certains projets comme la projet Tiffin (projet porté entre autres par Groupe One) favorisent les contenants réutilisables en octroyant une ristourne aux clients qui viendraient avec leur propre contenant.

Production de boissons

  • Réutiliser l’eau et la chaleurLa production de boissons, et particulièrement les activités brassicoles, peuvent nécessiter de grandes quantités d’eau à des températures diverses, ce qui engendre souvent un gaspillage important. La nanobrasserie l’Ermitage , basée à Anderlecht et bénéficiaire d’une bourse Village Finance, a instauré un système de récupération de l’eau utilisée pour le refroidissement de sa bière, la Lanterne. L’eau récoltée est immédiatement réutilisée pour un prochain bassin. Ce processus permet de diminuer le gaspillage d’eau et d’énergie.
  • Réutiliser les résidus de la productionSimone a Soif propose des boissons 100% naturelles à base de fruits pressés. Les fruits utilisés sont des produits locaux qui sont en général impropre à la consommation car difformes ou présentant des coups. Après le pressage des fruits, les résidus organiques constituent une source de nourriture pour le bétail.
  • MutualiserLa devise « l’Union fait la force » trouve tout son sens en économie circulaire et se traduit par des synergies et mutualisations entre entreprises. Afin de réduire les coûts et améliorer son sourcing, la nanobrasserie de l’Ermitage mutualise ses commandes de houblon et de malt avec d’autres brasseurs. De la même manière, Simone a Soif mutualise la logistique et le stockage avec d’autres acteurs. Ces pratiques simples vont à contresens de la logique de concurrence entre entreprises et traduisent au contraire le besoin de coopération et de mutualisation.
Les stratégies présentées ci-dessus illustrent la créativité des entrepreneurs bruxellois et leur capacité de s’adapter à un nouveau contexte de raréfaction des ressources. Une année d’observation de projets financés par Village Finance nous aura permis de conclure que malgré le fait que les concepts et théories liées au développement durable évoluent sans cesse, les pratiques du temps de nos « anciens » (qui ne baignaient pas dans un océan de surconsommation matérielle) représentent une source d’inspiration infinie de pratiques à remettre au goût du jour.

Les entrepreneurs présentés ci-dessus ont tous bénéficié d’une bourse de Village Finance. Village Finance est un fonds de développement local bruxellois créé en 2005 et qui octroie depuis un an des bourses aux entreprises actives en économie circulaire.

Pour plus d’informations sur Village Finance, contactez Quentin Pierreux: quentin.pierreux@villagefinance.be

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